Nous souhaiterions
tous que le chien que nous avons accueilli dans notre foyer soit
toujours en bonne santé. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas
et il peut, notamment, développer des tumeurs. Le Docteur Françoise
Delisle, spécialiste dans ce domaine, nous présente les types les plus
fréquents de tumeurs et nous explique comment les détecter. Car le
diagnostic précoce est la clé de la guérison.
Si la
cancérologie vétérinaire a fait d'énormes progrès depuis une quinzaine
d'années, c'est autant en raison d'une meilleure connaissance générale
des tumeurs canines - connaissance qui permet de les suspecter et donc
de les rechercher précocement et systématiquement - qu'à la
possibilité de disposer de techniques de diagnostic (échographie,
scanner) ou de traitement (chimiothérapie, radiothérapie) plus
précises et plus spécifiques.
Il faut toujours garder à l'esprit l'idée que seules les tumeurs
décelées rapidement, au début de leur évolution, pourront faire
l'objet d'un traitement très efficace: l'effort doit donc porter sur
la précocité du diagnostic.
Les
différents types de tumeurs
Les cancers sont dus à la multiplication anormale et incontrôlée de
certaines cellules de l'organisme qui envahissent d'abord un tissu,
puis un organe, et peuvent enfin se disséminer dans tout le corps en
donnant des métastases. Mais certaines tumeurs présentent
exclusivement une agressivité locale : le risque de donner des
métastases est alors faible ou nul. Certains types tumoraux sont
beaucoup plus fréquents que d'autres et il existe des races de chien
prédisposées à certaines tumeurs.
Races de
chiens prédisposées à certaines tumeurs
Boxer
• Tumeur
de la peau (mastocytome),
• Tumeur de la thyroïde,
• Tumeur du cerveau,
• Tumeur des ganglions (lymphome)
Berger Allemand
• Tumeur de la rate (hémangiosarcome)
Schnauzer
• Tumeur des doigts (épithélioma)
Caniche, Cocker
• Tumeurs de la bouche
Grands Chiens (plus de 35
kg)
• Tumeurs des os
Les tumeurs les
plus fréquentes du chien sont, "c'est une chance", celles qui sont les
plus visibles, donc les plus facilement repérables : tumeurs de la
peau, tumeurs de la mamelle et tumeurs des ganglions.
Les
tumeurs de la peau
Toutes les tumeurs de la peau ne sont pas des "cancers", c'est-à-dire
qu'elles ne sont pas toutes capables de donner des métastases et
certaines d'entre elles seront donc guéries en les enlevant
chirurgicalement. Il ne faut cependant pas négliger ces lésions et se
montrer trop optimiste après l'opération d'une petite "boule" parfois
un peu hâtivement qualifiée de verrue : une analyse histologique
(examen au microscope des cellules de la lésion) doit toujours être
faite car elle seule peut exclure l'hypothèse tumorale et seule la
connaissance de la nature exacte de la lésion peut faire envisager une
surveillance appropriée ou une thérapeutique complémentaire adaptée.
Les
tumeurs mammaires
Les
tumeurs de la mamelle constituent la seconde catégorie de tumeurs
fréquentes chez les chiennes : une surveillance régulière, une
palpation des mamelles peuvent vous permettre de les repérer quand
elles sont encore de très petite taille (moins de 1 cm de diamètre) et
peuvent faire l'objet d'une opération simple. Là encore, une analyse
histologique s'impose mais pas de panique, car 50% des tumeurs
mammaires de la chienne sont des tumeurs bénignes qui sont donc
guéries par la chirurgie.
Les
tumeurs des ganglions
Les
tumeurs des ganglions (lymphomes) sont un peu plus difficiles à
repérer car les sites ganglionnaires sont mal connus du profane, mais
toute "grosseur" anormale dans la région de la gorge ou en avant de
l'épaule (où l'on tapote amicalement les chiens) doit être considérée
comme suspecte.
Les
autres tumeurs
Les
autres tumeurs sont dans leur ensemble beaucoup plus difficiles à
suspecter, mais l'hypothèse d'une tumeur doit toujours être prise en
considération dès qu'un animal présente des signes cliniques
(vomissement, éternuement, saignement de nez, toux, ...) qui ne
diminuent pas rapidement après mise en œuvre d'un traitement adapté,
ou qui récidivent systématiquement (ils réapparaissent) quelques jours
ou quelques semaines après l'arrêt du traitement.
Il existe un cas particulier (et paradoxal) de tumeur souvent décelée
tardivement car elle est, sauf cas exceptionnel de chien agressif,
accessible facilement à l'examen clinique : la tumeur de la bouche. Il
est en effet anormal que ce soit pour cause de mauvaise odeur buccale,
de saignement ou encore car ils ne peuvent plus manger que les chiens
atteints d'une tumeur de la bouche soient présentés en consultation.
La plupart de ces tumeurs sont des tumeurs malignes (cancéreuses) qui
doivent faire l'objet d'un traitement précoce : habituez donc votre
jeune chien à se laisser ouvrir et examiner la bouche.
Il existe enfin des cas où le "cancer" peut se développer
insidieusement et ne se manifestera que tardivement, lorsqu'une partie
importante de l'organe atteint ne sera plus fonctionnelle (foie,
poumons, reins), ou lorsque la taille de la lésion devient très
importante (rate).
Traitement
La
chirurgie demeure le traitement exclusif d'un grand nombre de cancers.
L'exérèse (opération par laquelle on enlève totalement ou
partiellement un organe ou une tumeur) doit être large, ce qui est
d'autant plus facile que la lésion est de petite taille et que
l'intervention est réalisée précocement.
La radiothérapie est utilisable en première intention (sans chirurgie)
sur des lésions de petite taille, très radiosensibles, ne pouvant être
l'objet d'une chirurgie large ou en complément d'un acte chirurgical
quand la tumeur présente un risque important de récidive locale. La
chimiothérapie est indiquée dans le cas des cancers multicentriques
(sang, ganglions) ou en complément de la chirurgie pour les tumeurs
qui présentent un risque d'essaimage métastatique.
Conclusion
Pour être efficace contre le cancer il faut donc connaître son
adversaire et le connaître le plus précocement possible. On peut, dans
le but de le suspecter facilement, dresser la liste des signes
cliniques qui peuvent faire penser à l'évolution d'une tumeur. C'est
en guettant ces signes, en les identifiant et en consultant rapidement
votre vétérinaire que vous l'aiderez à mieux lutter contre le cancer
de votre compagnon. Face au cancer, il ne faut pas se mettre
d'œillères, se leurrer, refuser de connaître la nature de la lésion
retirée : la méconnaissance favorise le développement du cancer,
l'ignorer c'est faire sa force, le laisser évoluer. Il faut au
contraire le reconnaître, le connaître, le regarder en face et...
lutter.
Les
signes qui doivent faire suspecter un cancer
-
Grosseurs" anormales dont la taille augmente
régulièrement.
-
Plaies qui ne guérissent pas.
-
Saignements ou écoulements par la bouche, les
narines, la vessie, le vagin, le rectum.
-
Mauvaise odeur anormale (bouche, anus).
-
Difficultés pour manger, pour déglutir.
-
Difficultés pour respirer, uriner, déféquer.
-
Refus d'exercice, perte d'énergie.
-
Perte d'appétit, amaigrissement.
-
Boiterie persistante.
-
Nodule(s) sur les mamelles.
-
Anomalie de la taille des testicules.
-
Convulsions, comportement obsessionnel,
désapprentissage des comportements acquis.
Dr
Vétérinaire Françoise DELISLE
Centre Radiothérapie-Scanner
Ecole Nationale Vétérinaire
de Maisons-Alfort
Article extrait des Dossiers
des Bons Maîtres n°22
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Source:
www.pedigree.fr
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